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Histoire de la Famille

La famille Poirot est implantée à Mirecourt depuis plus de trois cents ans, le plus ancien ancêtre connu à ce jour est Nicolas Poirot, né vers1630.
Avocat à la Cour, régent des humanités, il épouse Claude Perot et décède le 14 novembre 1713.
Son fils, Charles Pierre Poirot naît vers 1686 et est également Avocat à la Cour. Il épouse Françoise Poncet le 9 janvier 1712 et décède le 27 juillet 1759 à l'age de 73 ans. Charles et Françoise ont un fils prénommé également Charles qui nait le 12 mai 1717 dont voici un extrait de son acte de naissance en date du 23 septembre 1741.
[Source familiale, dépôt Archives Départementales des Vosges, 240J5]

Charles sera comme son père et son grand-père Avocat à la Cour au Baillage Royal de Mirecourt.

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Dans l'inventaire des Archives Départementales antérieures à 1790 (ML Duhamel), on peut lire au sujet de l'avocat à la Cour Charles Poirot:

La numérisation par Google présente souvent des erreurs typographiques comme le montre la date du  "24 mai 4740" qui serait plus vraisemblablement 1740.

Charles Poirot épouse Marie Jeanne Bailli le 3 septembre 1743 comme le précise leur acte de mariage (AD des Vosges).

Charles est aussi Régent des Humanités. A ce titre il logera dans la tour Evrot Sachot rue du Bougeot comme le précise le plan de 1751 de JB Dubois (AD Meurthe et Moselle B-11-815).

Plan reproduit par F. Clasquin dans "Mirecourt Temps Passé Temps Présents", p44 et ci-dessous,

Description de la maison du Sieur Poirot extrait de la page 60.

De cette union naît Nicolas Poirot le 9 septembre 1749.

Nicolas, marchand est également Avocat à la Cour. Il épouse Marie Françoise Denis le 24 janvier 1769.

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Nicolas et Marie Françoise donnent naissance au premier facteur d'orgue de la famille, Nicolas Poirot.

Nicolas Poirot (31 août 1771 - 4 juin 1821)
 
Le 31 août 1771 naît donc le premier facteur d'orgues de la lignée Poirot. Nicolas épouse une dentellière, Jeanne Nicolas en 1805 à Mirecourt.
Jeanne est la soeur cadette de Didier Nicolas, Luthier renommé de Mirecourt.

Sur les documents ci-dessous, la signature en triangle de Didier Nicolas: "A la Ville de Crémone - D. Nicolas ainé"

La fondation de la maison Poirot par Nicolas daterait de 1806 selon un compte rendu de l'exposition technologique de 1884 (voir dans la partie consacrée à Victor Poirot). Cette date est contredite par l'Annuaire français de la facture instrumentale, de l'édition musicale et des des industries qui s'y rattachent selon lequel la maison Poirot aurait été fondée en 1812.

Annuaire français de la facture instrumentale, de l'édition musicale et des des industries qui s'y rattachent - Première année 1913, Edité par Musique et instruments

Source:

http://jeanluc.matte.free.fr/articles/typologie/1913/1913.htm ? target="_blank

Nicolas signe ses fabrications à l'aide d'un tampon que l'on peut trouver sur le soufflet ou sous le chariot du cylindre de certains orgues. Celui-ci précise:
"Nicolas Poirot, facteur d'Orgues et Sérinettes à Mirecourt - Vosges - Fait des orgues de toutes grandeurs, à toucher et à cylindres à usage des églises, expédie toute sorte d'instruments pour tous pays".

Il est amusant de noter la publication de la publicité ci-dessous 3 ans après son décès. Et ceux qui ont la chance de posséder aujourd'hui un de ses instruments sont certainement encore "contens de son exactitude et de son travail" !

Note de bas de page 96 de "L'ami de la religion et du Roi", Journal ecclésiastique, politique et littéraire. Tome 41, 1824.

Jeanne et Nicolas ont 3 enfants dont Didier Poirot.

Didier Poirot (26 juillet 1806 - 1er juin 1894)

Né en 1806 à Mirecourt, Didier Poirot suit les traces de son père Nicolas comme facteur de serinettes et d'orgues à cylindres.
Après avoir habité à Mirecourt, il s'installe en 1834 à Paris, 374 rue Saint Denis et travaille comme ouvrier chez Nicolas Antoine Lété. Lorsque ce dernier rentre à Mirecourt pour y créer une fabrique d'orgues, il choisit Didier pour tenir le magasin de Paris.
Alors que Lété s'installe à Mirecourt, Didier rachète son atelier parisien le 29 avril 1838 pour la somme de 5400 francs. L'acte de cette transaction fait état de la présence de 23 orgues, 29 serinettes, 90 guitares, 143 violons et 3 basses ainsi que des accessoires tels que cordes, chevalets, archets, étuis.
(Source:  Les luthiers parisiens au 19ème et 20ème siècle : Jean-Baptiste Vuillaume et sa famille  Ed. Amis de la Musique, 2006 – Sylvie Milliot).

Didier obtient en 1844 une médaille de bronze à l'Exposition Industrielle de Paris:

Rapport du Jury Central sur les produits de l’industrie française en 1844.
Tome II, section III instruments de Musique, page 580.
http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?8XAE23.2/584/100/982/0/0

On retrouve mention de ce même orgue de chapelle "se jouant à la manivelle mais aussi au clavier" dans la Revue Scientifique et Industrielle de 1844, plus particulièrement du chapitre consacré aux Etudes Techniques sur l'Exposition des Produits de l'Industrie Française en 1844 rédigé par N. Baquillon, bibliothécaire du Conservatoire des arts et métiers.

Extrait de: Revue Scientifique et Industrielle, Tome 1 - Deuxième série, volume 17 (1844), page 419.

Cette médaille est également mentionnée dans la Revue et Gazette Musicale n° 31 du 4 août 1844.

Parallèlement à son activité parisienne, Didier ouvre un atelier à Mirecourt en 1846. 
Deux ans plus tard, le 2 août 1848 agé alors de 42 ans, il épouse à Paris Adèle (Anne, Thérèse, Adélaïde) Paquin dite Saint Germain, de quinze ans sa cadette.

Adèle est la fille du luthier Louis-Joseph Paquin dit Saint-Germain, connu en lutherie sous le nom de Joseph Germain, et soeur du luthier Emile Germain (un registre des commandes et des clients d'Emile est visible dans le fond Bonetat aux archives départementales des Vosges).

Adèle et Didier donnent naissance à 8 enfants.

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Photo de famille de Didier Poirot, prise vraisemblablement entre 1860 et 1862
De gauche à droite:
Didier Poirot, Auguste-Gabriel sur ses genoux , Georges, Jeanne-Marthe, Victor, Auguste-Didier sur les genoux de sa mère Adèle.

Même photo après colorisation

Didier rapatrie ensuite ses ateliers à Mirecourt au 1, avenue des Vosges (actuelle avenue Duchêne), tout en gardant son magasin à Paris (374, rue Saint-Denis).

Alors qu’en février 1848 il a douze ouvriers, il n’en aura plus que à six en 1849 pour de nouveau avoir douze en atelier et autant en ville en 1855.

Didier emploie également des luthiers (Charles Lotte et Hypolite Charotte, beau père de son fils Georges) dont il vend les productions.

Doté d'un caractère difficile, ses colères étaient célèbres: un ouvrier courait alors à l'appartement,

 

"Madame ! Monsieur est en colère !" La douce Adèle descendait et les mains sagement croisées sur sa crinoline de soie noire s'exclamait: "Comme vous me chagrinez, mon ami  !" et la colère tombait...

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Le travail de Didier s'exporte jusqu'en Amérique et à l'île Maurice où vit un oncle de sa femme ainsi qu'en Australie comme le laisse penser cette petite annonce parue le 4 décembre 1886 dans l'Evening News de Sydney

http://nla.gov.au/nla.news-page11926298

https://trove.nla.gov.au/newspaper/page/11926298

 

"MUSICAL NOTICE.— To Showmen, & c— For SALE, a Barrel ORGAN, by D. Poirot, Paris, containing brass trumpets, metal pipes, drum, and bells, plays 27 airs, marches, quadrilles, waltzes, & c, 4 stops, very powerful and effective, in splendid order, price £18, a gift, cost £50. Address 29, Botany st, S. Hills."

Didier fait également commerce de vin à l'image de nombreux marchands d'instruments de Mirecourt, où le vin sert de monnaie d'échange.

En 1862, il expose contrebasses, violoncelles, alto, violons et orgues à manivelle à l'Exposition Universelle de Londres.

L'extrait suivant de Section française. Catalogue officiel – International exhibition 1862 précise également que 80% de sa production de 1862 est exportée.

On trouve encore quelques annonces dans l'Annuaire général du commerce et de l'industrie, ou almanach des 500 000 adresses de 1855 (p666 et p670), ainsi que de 1862, p971.

Puis en 1865, entraîné par la chute et la dissolution de la Société Thibouville, son principal débiteur, c’est le dépôt de bilan. La faillite néanmoins jugée excusable par le tribunal de commerce (Série 7U42 AD des Vosges) lui évitera l'incarcération mais il perd le droit de signer ses instruments qui porteront désormais la marque «F.D.POIROT», FD pour Femme Didier Poirot.

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Ci-dessous une gravure de JB Ravignat (1803-1875) probablement réalisée entre 1831 et 1839 alors que l'auteur séjourne à Remiremont, représentant une vue de Mirecourt et le relais de chasse des Ducs de Lorraine du Quai du Vieux Cimetière où Didier installera ses ateliers en 1867 et y résidera.

La maison Poirot, quai du Vieux Cimetière devenu par la suite quai François Clasquin.

Photo de février 2006 montrant l'emplacement de la maison Poirot démolie en 2004 (Photo Bertrand Poirot)

Photo de de la maison Poirot en 2001

(Photo Jean-Marie Moitrot)

Didier ne construit que très peu d'orgues d'église: les seuls exemplaires connus, selon une tradition familiale, sont ceux d'Uxegney en 1870 et de Saint-Julien-les-Villas, dans l'Aube en 1872.

Les fils de Didier suivent tous des cours de musique à Nancy (harmonie et contre-point), mais aussi des cours d'architecture afin que les plans des orgues soient parfaits.

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Didier meurt en 1894. La manufacture d'orgue est alors reprise par ses fils sous le nom de Poirot-Frères.

Source familiale, dépôt Archives Départementales des Vosges, 240J23-2. Photo prise chez et par F. Clasquin.

La famille de Didier au complet.

1er rang en haut de gauche à droite:
Auguste-Marie-Didier Poirot, Georges Poirot, Louise Charotte, future épouse de Georges, Auguste-Marie-Gabriel Poirot.

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2ème rang:
Didier Poirot, Anne-Thérèse-Adelaïde Paquin épouse D.Poirot, Jules Poirot, Victor Poirot

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3ème rang: incertain.

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Les 5 frères reprenant la succession de Didier sous le nom de Poirot-Frères sont tous sur cette photo.
Par age décroissant: Georges, Victor, Gabriel, Auguste et Jules.


Cette photo date vraisemblablement de 1876, quelques mois avant le décès d'Adèle.

Victor Poirot (11 novembre 1850 - 24 décembre 1934)

C'est donc sous le nom de Poirot-Frères que l'aventure de la facture d'orgue contine. C'est alors l'âge d'or de la maison qui aura pour réputation de fabriquer "les plus beaux instruments du monde" selon Alain Vian, antiquaire en instruments de musique et frère de l'écrivain Boris Vian.


Poirot-Frères représenté par Georges, Victor, Gabriel, Didier et Jules fabriquent de nombreux orgues à cylindres en tous genres comme le montre leur catalogue.

Note B. Poirot: La date de naissance mentionnée sur cette photo est erronée. Georges nait le 24 avril 1849. Par ailleurs, après examen de plusieurs photos, il apparaît que c'est plutôt Auguste Marie Gabriel (1856-1897), son frère, qui est représenté ici.

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Ils exposent des orgues à l'exposition de Melun en 1880 puis à l'exposition technologique de 1884 au palais de l'industrie où le jury leur attribue une médaille de bronze.

Ci-dessous un exemple de leur production. Les musiciens de part et d'autre ont été retrouvés fortuitement à la salle des ventes de Chartres !

Puis vient l'Exposition Universelle de Paris en 1889 où Poirot Frères, qui ne sont plus que deux, (Georges, Auguste et Jules étant décédés) présentent des orgues à cylindres et à touches

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